René Girard et la vertu théologale de l’Espérance

Introduction

L’un des commentaires fréquemment entendus au sujet du dernier livre de René Achever Clausewitz est qu’il se montre très apocalyptique dans l’évaluation de notre avenir et des tendances de fond qui sont à l’œuvre ; et qu’il y a bien peu de place pour l’espérance dans sa vision des choses. Ce que je vais essayer de faire aujourd’hui est de contester non pas la première partie de ce jugement, mais la seconde : à savoir qu’il existe bien peu de place pour l’espérance. Et ceci non pas parce que je trouve des signes d’espérance disséminés dans les pages du livre, mais parce que ce jugement repose à mon avis sur une erreur catégorielle quant aux relations entre la pensée apocalyptique et l’espérance. La pensée apocalyptique, ou catastrophiste, implique une certaine évaluation du futur. L’espérance est une vertu théologale qui qualifie le présent. La confusion entre les deux n’aide à comprendre ni l’une ni l’autre et, comme j’espère le montrer, l’anthropologie mimétique de René nous offre un très bon moyen de donner sens à la seconde. Ce que j’aimerais avoir fait à la fin de cette journée est d’avoir suscité une réévaluation de notre perception de Achever Clausewitz, livre auquel je me référerai peu, de telle manière que la relation entre l’espérance et les ténèbres puisse être plus facilement appréhendée.

1. Trois caricatures

Beaucoup d’entre nous vivent avec une certaine idée de chacune des trois vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la Charité, qui est structurée de l’intérieur par (au minimum) un fort résidu de la vision moderne et individualiste du moi. Le résultat est que, sans que nous puissions rien y faire, nous nous trouvons vivre une caricature de ce que ces vertus sont réellement. La foi devient une position idéologique contrefactuelle, appelée croyance, que nous sommes contraints de mettre en avant par une sorte de chantage émotionnel si nous voulons être “sauvés”. Vous devez lancer un projectile lunaire dans le vide, concernant l’existence de Dieu et les effets de Jésus sur le monde. Et qu’il y ait ou non quelque chose là-bas, le fait que vous soyez préparés à lancer le projectile lunaire, et de fournir pour cela un laborieux carburant émotionnel est, d’une manière ou d’une autre, considéré comme méritoire.  

La charité apparaît alors comme une demande exorbitante de penser positivement aux autres et d’agir généreusement envers eux ; et spécialement les salauds, quels qu’ils soient. Malgré votre antipathie et votre désapprobation à tous égards. Une fois de plus, comme s’il était particulièrement méritoire de s’efforcer, de manière auto-punitive, de conserver une attitude positive à l’égard de ce que l’on n’aime vraiment pas.

Quant à l’Espérance, elle devient une manière polie de parler des vœux pieux. Une manière de mettre un accent positif sur la perte de toute perspective assurée que telle ou telle bonne chose puisse vous arriver : “Avez-vous la moindre chance de gagner tel ou tel trophée ?” “Pas vraiment, mais je vis dans l’Espérance”. Comme si l’Espérance était l’émission d’un vœu dans le vide : ce qui reste quand il n’y a plus aucune réelle perspective. Mais cela n’est rien de plus qu’une pirouette, une pincée d’émotion positive, une façon d’habiller la résignation en vertu.

Comme j’espère que vous le percevez, ces trois simulacres n’ont pas grand-chose à voir avec les vertus théologales telles qu’elles sont comprises par la Tradition. Ce que je propose de faire avec vous ce soir est de montrer que l’Espérance, comme les autres vertus, peut être vue telle qu’elle est lorsque nous ré-imaginons l’anthropologie qui la sous-tend en suivant la compréhension interindividuelle du désir mimétique élaborée par René Girard et développée par Jean-Michel Oughourlian.

2. Qu’est-ce qu’une vertu théologale ?

Avant d’aborder la partie théologique, posons-nous d’abord la question : qu’est-ce qu’une vertu ? Une vertu est une disposition stable pour le bien, qui a été engendrée en nous par nos réponses habituelles à tel ou tel ensemble de circonstances. Ainsi, une personne courageuse est une personne en qui la disposition stable de ne pas laisser ses actions être dominées par la peur en face du danger est devenue une caractéristique reconnaissable, qui peut aider à reconnaître qui elle est réellement. Ceci, par contraste avec quelqu’un qui ne ressent aucune peur (et qui de ce fait n’évalue pas correctement le danger), ou avec quelqu’un qui a occasionnellement des accès de bravoure induits chimiquement qui le conduisent à un comportement imprudent. Ou avec un lâche, quelqu’un dont les actions face au danger sont habituellement dominées par la peur.

Typiquement, les réponses habituelles qui deviennent stables en nous sont celles, comme René Girard y a toujours insisté, qui furent induites en nous par l’imitation. Un bon modèle, si nous pouvons éviter d’entrer en rivalité avec lui, va nous induire à acquérir la même disposition stable que lui. Comme nous le savons tous, c’est un processus ardu et précaire, car une saine distance avec nos modèles est difficile à maintenir. Au fur et à mesure que nous nous rapprochons, nous risquons de basculer de l’émulation vers la rivalité, comme si la disposition stable en question, et l’admiration et la reconnaissance qui l’accompagnent, était une ressource rare que nous ne pouvons posséder qu’au détriment de notre modèle.

J’espère qu’il devient alors apparent qu’une vertu est quelque chose de relationnel, qui commence en dehors de nous, par quoi quelque chose est produit en nous, devenant quelque chose qui est vraiment nous, et exerce ainsi un effet objectif et régulier sur la manière dont nous entrons en relation avec les autres.

Si l’on peut ainsi définir ce qu’est une vertu, que veut-on dire par “vertu théologale” ? Eh bien, cela signifie que l’Autre qui produit en nous la disposition stable en question est Dieu. Naturellement, si vous avez une psychologie individualiste, avec des désirs qui s’originent en vous, ceci semblera quelque peu magique. Dieu illumine votre esprit par quelque voie directe, peut-être par une sorte de zapping, de telle sorte que vous pouvez “connaître” quelque chose qui n’a rien de naturellement évident ; ou bien Dieu vous rend capable d’une attente résignée face à des promesses en l’air ; ou renforce votre volonté de faire ce que vous savez avoir raison de faire dans vos relations avec les autres, si douloureux et désagréable que cela puisse être pour eux ou pour vous. Toutefois, une compréhension mimétique de la psychologie mise en jeu aboutit à un tableau à la fois plus sain et beaucoup plus traditionnel.

Car la Foi est la disposition stable produite en vous par Dieu, qui vous persuade en vérité par la vie et la mort de Jésus qu’Il vous aime tels que vous êtes. Par cette persuasion au fil du temps vous devenez habituellement capables de vous relaxer dans l’assurance « d’être connu par Dieu tels que vous êtes avec amour » et de vivre sans la peur de la mort. Le fait « d’être connu par Dieu tels que vous êtes avec amour » est déjà une chose en face de laquelle la mort devient fictive, car pour Dieu, connaître quelqu’un, l’aimer et le maintenir dans l’être indemne de mortalité sont des choses inséparables, comme Jésus l’a enseigné et démontré. C’est pourquoi, en devenant celui qui acquiert la disposition stable à « être persuadé », vous commencez à vivre dans l’immortalité au sens exact d’être maintenu dans la connaissance que vous êtes aimés par Celui pour qui la mort n’est pas.

Pour cette raison, le corrélat émotionnel habituel de la foi est la relaxation. Vous n’avez pas à vous mettre en tension pour croire à quelque chose d’inconnu. Bien plutôt, l’effort, la tension et le dur labeur, sont pour Celui qui essaye de vous persuader de vous relaxer dans le fait d’être connu tel que vous êtes. En dépit de tous les obstacles de la honte, de l’ignorance et de l’incapacité à s’accepter comme digne d’être aimé, Il induit en vous la disposition stable d’être persuadé par Lui ; laquelle persuasion (ou foi – le mot grec est le même) est en elle-même un cadeau de Dieu en vous. Ce cadeau est en vous comme une certaine façon, publiquement décelable, d’être présent dans le monde, et qui a une incidence sur toutes vos relations. 

La charité est la disposition stable par laquelle Dieu nous rend habituellement capables de nous recevoir en nous donnant. Une fois de plus, typiquement, nous imaginons que la charité implique un auto-allumage de la volonté suite auquel nous devons aimer Dieu par-dessus tout et les autres comme nous-mêmes. Et plus c’est exigeant, mieux c’est. Une telle exigence nous transforme rapidement en maître-chanteurs émotionnels prétendument généreux, assujettis à toutes les pathologies de l’auto-sacrifice si bien éclairées par Girard. 

Cependant, une saine anthropologie, ou une saine théologie, ou en fait n’importe qui se souvenant de 1 Jean 4, 10[1], sait parfaitement que c’est parce que nous avons été aimés en premier que nous sommes capables d’aimer ; et la présence d’un amour réel envers les autres dans la vie d’une personne est un signe certain qu’elle agit à partir d’un amour reçu en premier. La raison pour laquelle ceci est important est que « être rendu capable de se recevoir à travers le don de soi » est la manière dont nous en venons à partager la vie de Dieu. Car de Dieu nous pouvons dire que son être véritable consiste dans le fait de se communiquer, de se donner, presque en gaspillage. D’où l’abondance de tout ce qui est et l’auto-effacement de celui qui amène tout cela à l’existence. Ainsi, la Charité est la disposition stable par laquelle nous sommes graduellement induits par Jésus crucifié et ressuscité (l’être humain qui se donne et qui se reçoit pleinement en se donnant) à partager la vie intime de Dieu dès cette vie. Et le corrélat émotionnel de cette disposition est la joie.

Il ne manque pas de livres sur les vertus théologales que sont la Foi et la Charité. Et ceci, je soupçonne, pour une bonne part, parce que chacune des deux est traditionnellement reliée à une faculté humaine – l’intelligence pour la Foi et la volonté pour la Charité – à propos desquelles nous ne sommes pas avares de discussions intelligentes. Même lorsque ces discussions s’embourbent dans des présuppositions individualistes et mentalistes. Mais il sera peut-être surprenant pour vous d’apprendre que la faculté humaine traditionnellement associée à la vertu théologale de l’Espérance est la mémoire. Et il est beaucoup plus difficile de trouver de la littérature sur l’anthropologie théologique de la mémoire.

C’est pourquoi j’aimerais suggérer, comme définition initiale, et avant d’explorer le rôle de la mémoire, que la vertu théologale de l’Espérance est la disposition stable par laquelle nous nous laissons étirer, agrandir, par la vision d’une plénitude future venant vers nous, jusqu’à la réception de ce que nous sommes vraiment, tout en subissant une refonte de notre passé. Si le corrélat émotionnel de la Foi est la détente, et celui de la Charité la joie, alors le corrélat émotionnel de l’Espérance est le sentiment d’être agrandi dans une aventure excitante, avec le zeste de rajeunissement qui accompagne ce sentiment.

3. Huiothesía

Cependant, avant d’entrer dans une discussion détaillée de l’Espérance et de ce qu’elle a de spécifique, je voudrais faire un autre point général sur les raisons de la centralité des vertus théologales pour le Christianisme. Et ce point est relié à la même critique de la vision individualiste, déficiente et handicapante, que nous semblons tenir pour normale. Si la Foi est une tension pour maintenir un système de croyance contrefactuel, l’Espérance est un vœu pieux dans le vide et la charité une détermination volontariste à faire le bien, alors au bout d’un moment, le seul élément qui garde de l’importance dans la vie chrétienne est la morale, dans la mesure où c’est le seul élément qui a une prise réelle sur notre vie quotidienne. De la sorte, si nous sommes protestants, la Bible devient un traité fondamental de législation morale, et si nous sommes catholiques, l’Église devient un dispositif non questionnable de police morale. Parce que toutes les autres choses – foi, grâce, liturgie, prière, vie de l’Esprit, Espérance et paradis – sont trop vagues et d’apparence trop peu substantielle pour avoir beaucoup d’incidence sur nos vies quotidiennes.

J’espère vous convaincre que ceci est un non-sens. La Foi, l’Espérance et la Charité ne sont pas des choses vagues, quelque peu chimériques, des diaporamas intellectuels dont il est bien de savoir quelque chose pendant que la véritable tâche – l’apprentissage d’un comportement dûment approuvé – s’effectue ailleurs. Elles ne sont pas quelque chose en plus, qui accompagne la morale. Ce sont les trois dimensions structurantes de ce que Paul désigne sous le terme Huiothesía,[2] et qui est normalement traduit par “filiation”, “adoption comme fille ou fils”. La Foi, l’Espérance et la Charité sont les trois dimensions structurantes de la filiation, les dispositions stables par lesquelles nous sommes induits à être filles et fils de Dieu.

Mais notez s’il vous plaît ce que cela signifie : il n’y a pas dans un compartiment de nos vie les vertus théologales, et dans un autre la morale, ou les enjeux d’éthique comportementale. Non, notre filiation se déploie, dans nos vies, à travers chacun de nous, à travers notre induction à avoir les dispositions stables. C’est à dire, notre induction à connaître comme nous sommes connus, et ainsi à se relaxer ; à être élargis dans une future liberté qui vient déjà sur nous ; et, dans la mesure où ces deux opèrent, à acquérir la capacité de nous recevoir à travers le don de nous-mêmes, et ainsi partager la vie de Dieu. Ces dispositions stables induites en nous font de nous ce que nous sommes réellement, et comme elles font cela, nous nous trouvons initiés à, et libres possesseurs de, la réalité de la création.  

En d’autres termes, ces dispositions stables produites en nous par Dieu structurent le centre opérationnel à partir duquel nous vivons notre filiation. Ces dispositions sont entièrement non-directives – elles ne nous disent pas ce que nous devons faire. Elles donnent forme à la manière dont nous élaborons pour nous-mêmes ce que nous avons à faire. Et ce que nous voudrons faire découlera de ce que nous nous découvrons devenir. C’est à cause de cela qu’il n’y a pas de morale chrétienne spécifique. Il y a juste ce qui est authentiquement bon pour les humains de faire, tel que découvert de l’intérieur par ceux qui sont dans le processus de devenir possesseurs de tout en tant que fils et filles de Dieu.  

4. Vivre en héritier

Dans ce tableau de notre élargissement dans la filiation par ce qui nous arrive, un aspect essentiel est l’image de l’héritier, que Paul utilise également[3]. Je voudrais passer un peu de temps sur cette image, car elle nous aide à éviter le piège principal dans toute discussion sur l’Espérance, à savoir la tendance à regarder l’Espérance comme une affaire essentiellement subjective, une forme de conviction intime, quelque chose qui ne dépend pas de la réalité objective. Cette façon de voir est trompeuse. Le véritable intérêt d’être un héritier est que votre héritage n’est pas un vague espoir qui pourrait ou non se concrétiser un jour pour vous, comme le fait de gagner à la loterie. Il s’agit plutôt d’une perspective entièrement réaliste qui se rapproche de vous, comme une promesse va vers son accomplissement, aussi longtemps que la personne dont vous êtes l’héritier s’avance vers la mort. Et à partir du moment où cette personne meurt, cela vous appartient de manière inaltérable. Car un testament proprement exécuté est une promesse faite devant témoins, qui est accomplie par la mort et ne peut pas être modifiée de manière posthume.  

Ainsi, au moment où ma mère est morte, il y a deux ans, ma sœur, mon frère et moi étions déjà, de par la loi, les propriétaires égaux de toutes les choses promises pour nous dans son testament. En fait, bien-sûr, exécuter un testament prend du temps : nous n’avons pas eu un accès immédiat à ce qui en fait était déjà à nous. Premièrement, il a fallu procéder à l’estimation des biens, ce qui prend du temps. Ensuite les rapaces du service des droits de succession de Sa Majesté ont pris 40% du total, comme il est d’usage. Finalement, environ dix-huit mois après la mort de ma mère, le reste a été partagé comme indiqué dans le testament.

Pendant cette période de dix-huit mois, mes relations à cet héritage n’ont pas été celle que l’on a avec un vœu pieux, ou d’une attente dans le vide. Quelque chose qui était déjà à moi de manière substantielle se rapprochait de plus en plus jusqu’à être concrètement à moi ; c’est à dire : être à ma disposition. La différence entre un vœu pieux et une perspective objective est très claire. Un vœu pieux est ce que l’on fait en jouant à la loterie et en fantasmant sur ce que l’on pourrait faire dans le cas très improbable où l’on gagnerait. Sauf si nous sommes fous, un tel vœu pieux ne nous conduit pas à changer notre mode de vie comme si nous étions certains de gagner. La perspective d’un héritage, en revanche, a un effet palpable sur nous pendant la période qui va de l’édiction de la promesse, son accomplissement formel par le décès, à la disponibilité effective de ce qui avait été promis.

Ainsi, au fur et à mesure que l’héritage allait de la promesse au fait officiel, puis vers quelque chose de disponible, il produisait des changements en moi. Il me conduisait progressivement à commencer d’ajuster mes plans, ma perception de mes possibilités et ainsi de suite. Plusieurs mois avant d’être vraiment en ma possession, il me transformait déjà de l’intérieur de telle sorte que je pouvais devenir de manière plus réaliste à la hauteur du privilège de la propriété. Ce formatage de l’intérieur a commencé par un élargissement de mon imaginaire et, progressivement, de mes habitudes et de mes relations, par exemple avec mon frère et ma sœur, et mon fils, ma confiance dans les rapports avec mes créanciers, etc. Vers la fin des dix-huit mois, j’étais devenu de manière publique et reconnaissable un acteur différent de celui que j’avais été.

Je souligne tout cela car cela mène directement à ce qui est probablement la plus fameuse expression concernant l’Espérance dans le Nouveau Testament, Hébreux 11, 1.

Ainsi, la foi est la ὑπόστασις (lit : substance) des choses espérées, la ἒλεγχος (lit : preuve) des choses que nous ne voyons pas.

Le verset est légèrement trompeur car, comme rien moins que l’autorité du Pape Benoît le fait observer[4], il semble confondre la foi et l’Espérance. Toutefois, le verset se lit très différemment selon qu’il est question d’une réalité subjective ou objective. Ainsi, la RSV[5] donne un sens subjectif à chacun des mots “Hypostasis” et “elenchos”, ce qui donne “à présent, la foi est l’assurance de choses espérées, la conviction de choses non vues”, comme si la foi, ou l’Espérance, étaient proprement décrites comme constituées de certains états subjectifs en nous – l’assurance et la conviction. Le sens que j’essaye de mettre à jour est quelque chose qui serait mieux rendu par cette paraphrase : “Maintenant, le fait que nous ayons été persuadés, produisant en nous comme il le fait la substance de ce que nous espérons, fait de nous une démonstration ou une preuve de ce qui n’est pas visible”. C’est exactement de cette façon que fonctionne un héritage. À la mort du testateur l’héritage promis devient substantiellement mien, même s’il n’est pas encore en ma possession, et à cause de cela je deviens déjà une démonstration publiquement visible, un signe fiable de ce qui m’est en train d’arriver. Ce que je suis est objectivement altéré au fur et à mesure que la promesse d’un autre, son désir, va vers son accomplissement à travers sa réception en moi.

5. L’autre humain

Une autre perplexité qui nous est léguée par une description individualiste et mentaliste du moi est que les vertus théologales doivent être produites en nous directement par Dieu sans aucun intermédiaire humain. Avec cela, non seulement l’Espérance devient une attente dans le vide, mais toute la description de l’Espérance qui nous est offerte par le Nouveau Testament devient incompréhensible. Car ce qui est central dans la description de l’Espérance par le Nouveau Testament est qu’elle a été ouverte pour nous définitivement, comme une possibilité entièrement nouvelle, par le fait que Jésus a accompli certaines choses. En d’autres termes, l’Espérance n’est pas préparée en nous magiquement par l’intervention d’un lointain autre divin, mais par un autre être humain. C’est ce que Jésus a fait à un niveau humain, anthropologique, qui a ouvert pour nous la possibilité de voir quelque chose comme accessible à nous à travers un élargissement. Il l’a créé et l’a rendu attirant en tant qu’homme en se faisant modèle du désir de l’atteindre, ce dont nous bénéficions quand nous l’imitons.  

Qu’a-t-il fait, en fait ? Il a d’abord créé le contexte dans lequel sa marche vers la mort pouvait être comprise, fût-ce de manière posthume, comme un acte de générosité obéissante d’une sorte qui n’est pas régie par la mort, la peur et la honte qui en sont la marque, et notre impuissance en face d’elle. Comme un acte qui pouvait être effectué par quelqu’un qui n’était lui-même gouverné en aucune manière par ces forces. Alors il mit réellement cela en acte, totalement, jusqu’au bout, et jusqu’aux dernières conséquences. Finalement, sa résurrection a révélé que ce qu’il avait dit et fait avait été autorisé et dynamisé depuis le début par le sens authentique de tout ce qui est, de tout devenir : la vie qui se donne en abondance, inséparable de la gloire de Dieu. En d’autres termes, sa résurrection n’a pas été un codicille post-mortem d’une vie bien accomplie. Cela a été le signe que la brillante effervescence de la réalité, de ce qui était en réalité depuis toujours, a été finalement capable de faire définitivement irruption au milieu d’une vie humaine et d’une culture indûment obscurcie. Cette irruption a été initiée par un être humain qui a réellement vécu, et qui est allé vers sa mort, sans être régi par, déterminé par, effrayé par ou réduit en soumission par la mort et ses à-côtés d’apparence pieuse. En agissant ainsi, il a modélisé pour chacun de nous de manière créative la possibilité de recevoir la contagion de ce qu’il avait libéré dans le monde.

Je veux souligner cela, car cela signifie que ce que Jésus a inauguré pour nous, ce qu’il nous a promis et ce qu’il a accompli pour nous en allant vers sa mort, était l’accès à la plénitude de la réalité immortelle qu’est vraiment la création. Et c’est le sentiment de l’élargissement vers nous de la plénitude de ce qu’est vraiment la création, et de notre élargissement au-delà de nous-mêmes jusqu’à devenir des personnes qui accèdent au privilège d’être des héritiers et des initiés au sein de celle-ci, qui produit l’Espérance en nous. Une fois que vous avez compris que Jésus a fait cela pour nous, qu’il a été l’accomplissement d’une ancienne promesse de Dieu, et que cette promesse a été réalisée par sa mort ; alors, lorsque le testateur meurt, l’héritage est déjà là, et prêt à être instancié en nous comme nous sommes induits à posséder pleinement ce qui, tout à la fois, est et n’est pas encore. Mais le point d’aboutissement ultime de l’Espérance est qu’elle est reliée à la réalité. La “nouvelle naissance dans une espérance vivante” à laquelle se réfère Pierre[6] n’est pas, et n’a jamais été, une réalité morale et religieuse privée. C’était, et c’est, un réalignement de l’entièreté de notre rapport à ce qui est réellement, de la même manière que ce qui est réellement se manifeste en nous.

6. Création et pardon

Ce n’est pas seulement que Jésus est mort et que sa résurrection a révélé la vie éternelle, bien que cela se soit produit. Sa mort et sa résurrection avaient un contenu particulier : il a occupé la place de la honte, de la dégradation, de la malédiction et de l’impuissance, le sort de la victime innocente qui est expulsée par la coalition des autorités civiles et religieuses. Et il a occupé cette place volontairement et généreusement. Cela voulait dire que la présence de Jésus comme victime crucifiée et ressuscitée inaugure la nouvelle création non pas comme un fait neutre, comme s’il nous révélait simplement l’existence d’un continent jusqu’alors inconnu. Bien plutôt, il l’inaugurait de la seule manière qui pouvait nous être accessible : à travers le pardon. Car c’est de cette manière que la nouvelle création nous reconfigure et nous aligne avec elle.

Ce que nous appelons le pardon des péchés n’est pas un décret moral pris par un vainqueur magnanime. Le pardon des pêchés devient possible du fait que Jésus a occupé le niveau zéro de ce qui rend la culture humaine viable – la déconstruction de l’intérieur du mécanisme victimaire constitutif par lequel nous construisons et maintenons l’être ensemble des humains, et qui a configuré notre humanité et toutes nos institutions.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que l’ouverture sur la réalité de ce qui est, sans nous déconstruire et sans nous rendre capable de nous dégager de la fausseté de ce que nous étions en train de faire de cette réalité, nous laisserait avec notre imagination encore tellement formatée par ce que nous pensions être que nous serions incapables d’être agrandis aux dimensions de ce que nous sommes en train de devenir. Le pardon est la manière dont nous décrivons le chemin par lequel “ce que nous devons être” commence à se déployer dans nos vies, en lâchant prise, en nous détachant de ce que nous pensions être. Notre implication personnelle, narrative, dans ce processus est quelque chose que nous réalisons habituellement longtemps après que le pardon ait commencé à se manifester dans nos vies. Cette implication narrative survient quand nous sommes finalement capables de reconnaître comment nous avons été tenus emprisonnés, et de consentir à un réalignement de notre être qui se manifeste par notre progrès à assumer délibérément le mot « je ». Comme dans « Je suis désolé » ou « Qu’ai-je donc fait ? » ou « Je vous en prie, pardonnez-moi ».

En d’autres termes, il est absolument essentiel pour notre compréhension de l’Espérance qu’elle nous atteigne à travers une, et en tant que, restructuration de la mémoire. Et je pense qu’il vaut la peine de passer un peu de temps à réfléchir à cela.

7. La mémoire

La mémoire n’est pas quelque chose qui nous appartient. C’est la mémoire qui permet qu’il y ait un “moi”. Une fois de plus, le tableau individualiste de qui nous sommes nous égare. Car la mémoire a une histoire, à vrai dire c’est ce qui fait de nous des êtres inscrits dans une histoire, des animaux narratifs. Nous ne savons pas quand les lieux physiques, quelque chose qui était simplement là des millions d’années avant nous, ont commencé à acquérir une signification pour nous – mais on peut raisonnablement parier que les tombes ont été les premiers lieux au sens humain du terme, et que c’est à partir d’elles que nous avons commencé à donner du sens à l’espace, et à en faire quelque chose à notre image. Nous ne savons pas non plus quand le mouvement physique des corps, animés ou inanimés, quelque chose qui était simplement là depuis des millions d’années avant nous, a commencé à acquérir une signification. Mais on peut raisonnablement parier que ce commencement fut lié à la manière dont l’avant et l’après définitif de la mort est devenu signifiant.

Il y a de nombreuses façons différentes de décrire la manière dont ce singe nous a inventés en basculant dans une relation particulière avec les lieux ; comment une répétition sans fin ne conduisant à aucun endroit particulier en est venue à se trouver imprégnée de signification, conduisant à la fois à des sons qui deviennent un langage et à notre découverte de nous-mêmes au cours du temps. La nature entièrement contingente de notre découverte à travers l’avènement conjoint du temps et du lieu et la boucle de rétroaction que ceci a inaugurée à travers une imitation et une répétition toujours plus signifiante de telle manière que la mémoire a commencé à nous fournir un récit, fait partie de toute explication de l’hominisation. Girard a au moins l’avantage d’être extraordinairement parcimonieux. Car le mécanisme de la victime aléatoire qu’il décrit, dans lequel ont basculé des singes hyper-mimétiques au fil de milliers d’années, réunit exactement les qualités de répétition de gestes et de sons compatibles avec le fait que notre invention dans le temps et l’espace a été structurée de l’intérieur par le sacré, c’est-à-dire par ce que nous percevons maintenant comme des distorsions victimaires.

Le sentiment de notre extension par la mémoire dans une réalité plus grande que celle que nous connaissions a dû s’amplifier au fil des millénaires en même temps que la répétition rituelle dressait des monuments, qui eux-mêmes commençaient à étendre plus loin notre mémoire, et que nous vivions avec la preuve d’un passé au-delà de notre durée de vie, au-delà de la durée de vingt, puis trente, quarante années et plus pendant lesquelles les mémoires vivantes de ces événements étaient disponibles. La nouveauté apportée à cela par les premières inscriptions de l’alphabétisation – probablement un dispositif de préservation de comptes à payer, ce qui veut dire un moyen de mesurer et d’évaluer la dette, c’est à dire un moyen de différer la vengeance – fait partie de ce qui a été produit par l’ensemble très subtil et complexe de tous les porteurs et inducteurs de la mémoire que nous appelons culture, et qui formate chacun de nous de l’intérieur.  

C’est pourquoi il s’avère que chacun de nous a une mémoire induite en lui en même temps que nous sommes élargis dans l’imitation des gestes et des sons, et où l’épanouissement d’une saine mémoire confère à ceux qui en sont dotés la capacité de partager, et de négocier, leurs relations de manière narrative avec le “nous” qui a amené ce “moi” particulier à l’être. La mémoire est la manière dont la réalité humaine, narrative, nous élargit à sa dimension.  

J’espère que vous voyez pourquoi le pardon est essentiel à la fois pour la vertu de l’Espérance et pour notre élargissement à la pleine dimension de la réalité. Car l’Espérance est la manière dont le récit divin en arrive à être vécu dans notre vie comme une réalité humaine stable. C’est, si vous voulez, la manière dont Dieu qui est hors du temps, se lie d’amitié avec la narrativité humaine structurée par le temps. Et le récit divin est le récit de Dieu lui-même en tant qu’humain s’abandonnant jusqu’à la mort comme notre victime, occupant la place de la honte, de la perte, de la destruction, de la peur, de la malédiction et de la fatalité, de telle sorte que nous puissions commencer à jouir de la présence de Dieu. Ce récit humain du don de soi n’est pas seulement un acte de “pardon” pour nos mécréances passées. C’est la restructuration de l’intérieur de notre procès d’hominisation.

Car si l’imitation et la répétition ont été répandues avec le mécanisme victimaire, alors dans chaque tentative humaine d’être, nous, et toutes nos cultures ou collectifs, nous accrochons à l’existence par la violence afin de pouvoir nous approprier un moi, une identité, une appartenance. Mais la victime qui se donne, étant devenue une source éternelle de pardon, défait à la fois le temps et l’espace, de telle sorte qu’aucune de ces deux réalités ne structure notre être et nos appartenances de la même façon.  Si je commence comme quelqu’un qui a imité, répété, et qui s’est accroché à l’être, alors ma capacité à imaginer qui je pourrais devenir sera dictée par ce à quoi j’ai participé avec la plus grande énergie en m’y insérant. Toutefois, si je suis élargi en recevant mon être d’un “pas encore” qui vient vers moi, alors une part de cette extension consiste dans le fait que je deviens capable de me libérer des habitudes et des moyens auxquels je suis jusqu’ici resté enchaîné à ce qui m’a fait exister.

8. Présence

Si vous pouvez me suivre un peu plus loin, j’espère que vous voyez combien il est important de comprendre que l’Espérance n’est pas quelque chose qui a trait au futur, et que, de la même façon, la mémoire n’est pas quelque chose qui a trait au passé. Chacun de nous peut comprendre cela très facilement. Nous sommes embarqués dans quelque chose, disons que nous sommes des Aztèques à Tenochtitlán, et que, pour un temps, cela définit ce que nous avons été et ce que nous sommes, et que cela configure le type de futur que nous pouvons imaginer. Un jour, quelque chose d’assez inattendu se produit – disons l’arrivée d’Espagnols et de chevaux – que nous n’aurions pas pu imaginer et qui modifie la totalité de notre relation à notre passé, de telle sorte que nous nous mettons à raconter une histoire entièrement différente au sujet de ce que nous avons fait dans le passé avant que la chose inattendue se produise. Quelque chose qui appartenait à un futur inconnu du passé altère radicalement le passé révolu, de telle sorte que la qualité de notre présent, ce que nous sommes maintenant, disons en tant que Mexicains modernes, devient très différent. Non pas bien sûr au niveau des faits empiriques, mais de celui de la totalité des relations humaines qui seules peuvent donner leur sens présent aux faits empiriques.

Mais ce que cela signifie est que la mémoire n’est pas déterminée par le passé. La mémoire est la manière dont ce que nous percevons du futur structure notre présent en racontant le passé. Et ceci signifie également que l’Espérance, en principe, ne concerne pas le futur. C’est la qualité du présent qui est rendue disponible dans et à travers le fait d’être élargi par un “pas encore” venant à nous. Et ceci me semble quelque chose de tout à fait vital. Ni le passé ni le futur n’existent. Seul le présent existe. C’est l’Espérance qui dynamise la mémoire pour nous rendre capable de vivre un riche présent, car ce riche présent est notre seul accès à Dieu.

C’est déjà une extraordinaire et improbable aventure pour ce singe de s’être inventé comme habitant auto-questionnant du temps et de l’espace. Encore plus extraordinaire le fait que Dieu, en qui n’existe ni temps ni espace, a choisi d’entrer dans notre monde narratif, afin de faire de ces éléments potentiellement futiles et insensés la condition de possibilité du fait que nous soyons présents, avec un sens suffisant de la présence et de la conscience pour être vraiment capables de jouir de Dieu.

C’est pourquoi, incidemment, il est très important que nous comprenions que, dans ce que les Catholiques appellent, en vérité, mais avec crainte et tremblement, le sacrifice de la messe, nous ne répétons pas un sacrifice. Car cette répétition voudrait dire que la mort de Jésus n’a pas défait l’identité agrippée par la répétition d’une durée définie contre la mort. Bien plutôt, il faut dire que, parce que la mort de Jésus a ouvert l’Espérance pour nous, mettant fin au sacrifice, la réalité délibérément et historiquement ouverte de la Nouvelle Création est simplement là, nous attirant dans un grand désir, nous reconfigurant de l’intérieur pour nous rendre réellement présents en tant qu’êtres humains capables de participer à une Présence Réelle qui est dans son principe très au-dessus de chacun de nous.

9. Patience

Je voudrais conclure cette séance en regardant la relation entre l’Espérance et la patience, dans la mesure où, dans le modèle « vœu pieux » de l’Espérance, la patience devient une disposition stable particulièrement peu utile – un placage passif-agressif de bonté quand on se sent impuissant en face de choses fausses et blessantes : une fois de plus, la résignation habillée en vertu. Mais cette sorte de résignation n’est pas fille de l’Espérance, mais du désespoir !

Toutefois, si l’anthropologie théologique que j’ai essayé d’élaborer pour vous a quelque valeur, alors la relation entre l’Espérance et la patience est entièrement différente, et bien plus créative. Car c’est le sens de la réalité qui vient vers nous et qui nous aligne avec elle, qui rend possible de supporter les tribulations sans tomber dans une attitude réactionnelle à leur égard. Sans les autoriser à nous mettre à bas. Et une part du caractère merveilleux de cela est que cela ouvre le temps. Quand vous êtes privés d’Espérance, vous êtes constamment à la merci de ce qui arrive, et de ce fait, complètement réactionnels. Alors que l’Espérance est ce qui vous autorise à prendre votre temps au milieu des tribulations, pour faire ce que vous voulez faire, et ainsi pour façonner ce que vous êtes en train de devenir. Et c’est ce fait « d’être capable de prendre son temps » et de ne pas être paniqué qui peut conduire à l’émergence de l’esprit créatif, technique et scientifique. En d’autres termes, la patience, plutôt que d’être une forme de résignation, est la disposition stable – véritable fille de l’Espérance – à se tenir dans une insouciance réaliste et déterminée face aux obstacles réels qui sont là, rendant celui ou celle qui la possède capable d’habiter le présent de manière créative. Rien de victimaire ou d’apitoyé en elle.  

J’ai confiance, par ailleurs, dans le fait que vous pouvez voir plus clairement maintenant pourquoi j’ai commencé par distinguer la lecture apocalyptique de la réalité dans laquelle Girard s’engage dans Achever Clausewitz, et la vertu théologale de l’Espérance. Nous connaissons tous des visions roses de la réalité qui sont la marque d’une profonde incapacité, ou d’un manque de volonté, de regarder en face à quel point nous sommes dangereux les uns pour les autres et pour notre biosphère. Nous sommes assez facilement capables de sentir que telle ou telle expression d’optimisme masque un profond désespoir. Mais c’est seulement la personne qui a été élargie par l’Espérance dans une attitude habituellement patiente envers tout ce qui existe, qui est capable de se tenir au plus près du désespoir, d’en prendre la mesure exacte et cependant de ne pas être gouverné par lui. En guise de conclusion, pour faire une référence finale à René Girard, voilà quelqu’un qui a été élargi, lentement et patiemment jusqu’à être capable de s’avancer au plus près du cœur des ténèbres ; et pourtant de ne pas en être scandalisé : c’est un des signes les plus sûrs que la vertu théologale de l’Espérance est opératoire.

Traduction de Bernard Perret
avec les plus profonds remerciements de James Alison

Brève Bibliographie

(La date est celle de la publication originale, non celle de la traduction en anglais, lorsqu’elle est disponible)

J. Pieper, De l’Espérance, 1935

W. Lynch, Images of Hope, 1965

J. Ratzinger, La mort et l’au-delà : Court traité d’espérance chrétienne, 1977

J. Assmann, La mémoire culturelle : Ecriture, souvenir et imaginaire politique dans les civilisations antiques 1992

Benoît XVI, Spe Salvi, 2007

R. Girard, Achever Clausewitz, 2007

D. Turner, Julian of Norwich, Theologian, 2011

J-M. Oughourlian, Un mime nommé désir, 1982 ; Notre troisième cerveau, 2013.


[1] « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés »

[2] Par exemple en Romains 8:15, 23; Galates 4:5; Ephésiens 1:5.

[3] Par exemple en Romains 8:17; mais aussi en Galates 3:29; 4:1,7; et Tite 3:7.

[4] En Spe Salvi 2, et 7.

[5] Revised Standard Version– une des versions de la Bible les plus respectées en anglais

[6] 1 Pierre, 1:3